La foi et les œuvres dans Jacques 2:14
GraceNotes - no. 2 by Dr. Charlie Bing
Jacques 2:14 enseigne-t-il que les œuvres sont une composante nécessaire pour le salut ? Beaucoup de personnes répondraient que Jacques ne dit pas que les œuvres sont une condition nécessaire au salut, mais un résultat nécessaire du salut. D'autres répliquent que cela fait encore dépendre le salut des œuvres. Comment ce passage peut-il être réconcilié avec le salut par la grâce par la foi seule, comme Paul l'enseigne dans Romains 3-5 et Éphésiens 2 ? Quelques observations suivent:
Tout indique que les lecteurs étaient chrétiens. Ils sont nés d'en haut (1:18), possédaient la foi en Christ (2:1) et étaient appelés frères (1:2, 19 ; 2:1, 14 ; 3:1 ; 4:11 ; 5:7,10 , 12, 19).
La « personne » hypothétique (quelqu’un) dans 2:14 est identifiée comme « l'un de vous » dans 2:16. Jacques suppose qu'il peut y avoir des individus parmi ses lecteurs chrétiens qui peuvent avoir la foi sans les œuvres.
Le contexte est encadré par le thème du jugement (2:13 ; 3:1). Le seul jugement des chrétiens est le tribunal de Christ, qui est basé sur les œuvres du croyant ou son manque d'œuvres (1 Cor. 3:13 ; 2 Cor. 5:10). Cela correspond exactement à la préoccupation de Jacques.
Le mot « sauvé » est souvent utilisé pour les chrétiens qui sont délivrés d'un sort indésirable (1 Cor. 5:5). Jacques utilise ce mot du sort possible d'un chrétien dans 1:21, 5:15 et 5:20. Il est utilisé en 2:14-26 pour désigner un chrétien délivré d'un sort indésirable au siège du jugement de Christ, comme avoir ses œuvres brûlées (1 Cor. 3:12-15) et perdre sa récompense (2 Jean 7- 8). Ainsi, le bien dont parle Jacques n'est pas le salut, mais les avantages accumulés dans cette vie et dans la suivante.
Jacques ne se préoccupe pas de la réalité de la foi de ses lecteurs, mais de la qualité (1:3, 6 ; 2:1 ; 5:15) et de l'utilité (1:12, 26 ; 2:14, 16, 20) de leur foi. Jacques ne dit pas que la foi se manifestera par des œuvres, mais que sans les œuvres, la foi est inutile dans cette vie et dans la prochaine. La principale préoccupation de Jacques est que ses lecteurs deviennent des « acteurs de la parole » (1:22) ce qui revient au même qu'être un « acteur des œuvres » qui sera béni dans ce qu'il fait (1:25). Par exemple, la foi qui persévère dans les épreuves gagne une récompense de Dieu (1:3-12) ; et la foi qui est miséricordieuse envers les autres reçoit la miséricorde de Dieu au tribunal de Christ (2:8-13). Mais la foi qui n’a pas d’œuvres est inutile pour obtenir ces bénédictions et inutile pour aider les autres (1:26 « sans valeur », S21 ; 2:20 « ne sert à rien », Semeur). Le mot « morte »(2:20, S21) doit donc être compris comme inutile ou sans valeur pratique, plutôt qu'inexistant.
En 2:19 la foi des démons montre aussi l'inutilité de la foi sans les œuvres. Leur foi ne pouvait pas les sauver de toute façon, car ce n'est qu'une foi dans le monothéisme, pas en Jésus-Christ. Le point souligné : parce qu'ils ne font que trembler, ils ne font aucune bonne œuvre pour éviter un jugement effrayant. Leur foi leur est inutile.
Beaucoup de chrétiens reconnaissent que lorsque Jacques parle d'être justifié par les œuvres (2:21, 24, 25), il ne parle pas de la justification imputée qui nous sauve éternellement, tel que Paul utilise le terme (Rom. 3:24 ; 4:5). Ce serait une contradiction dans la Bible. Jacques parle d'une justification auprès les autres. Paul lui-même reconnaît cette utilisation du mot « justifier », en Romains 4:2. Il y a deux sortes de justifications dans la Bible. L'une concerne la justice pratique qui nous justifie auprès des autres personnes. L'autre concerne l’acte de justice divine par laquelle le coupable est innocenté judiciairement devant Dieu. Jacques utilise évidemment le sens pratique, parce qu'Abraham a été « judiciairement justifié » en Genèse 15:6 (voir Jacques 2:23) avant d'offrir Isaac dans Genèse 22 (2:21). Sa justification par d’autres personnes se voit lorsqu'ils l'appellent l'ami de Dieu (2:23). Ainsi la foi d'Abraham fut rendue parfaite ou mature par cette démonstration de sa foi (2:22).
En 2:26, Jacques ne dit pas que la foi fortifie les œuvres, mais que les œuvres fortifient la foi. Ce sont les œuvres qui rendent la foi utile, comme l'esprit rend le corps utile. La question n'est pas de savoir si la foi existe dans une personne, mais comment la foi devient profitable ou utile à un chrétien.
Ce passage de Jacques est écrit aux chrétiens pour les encourager à faire de bonnes œuvres qui rendront leur foi mature et profitable pour eux et pour les autres. Il n'y a aucune contradiction entre Jacques et Paul. Quand Paul parle de justification par la foi seule, il parle de « justice judiciaire » devant Dieu. Lorsque Jacques parle de justification par une foi qui œuvre, il parle d'une justice pratique manifestée devant les autres. Dans Romains 3-5, Paul explique comment obtenir une nouvelle vie en Christ. Mais Jacques, dans son épître, discute de la façon de rendre profitable cette nouvelle vie.
Si l’on comprend ce passage comme signifiant que l'on doit démontrer un véritable salut par les œuvres, alors les œuvres deviennent inévitablement nécessaires pour le salut, ce qui est une contradiction avec Éphésiens 2:8-9. De plus, il n'y a pas de critères mentionnés pour savoir exactement quel genre ou combien d’œuvres vérifieraient le salut. Cela ouvrirait la porte au subjectivisme et saperait la base objective de l'assurance du salut — la promesse de la Parole de Dieu que tous ceux qui croient en l'œuvre de Christ seront sauvés.
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